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Artiste visuel parisien, je crée des séries cinématographiques qui présentent ma vision du monde et de la place de l’homme dans l’univers. Mon travail questionne les inquiétudes et les menaces qui pèsent sur notre civilisation, le sens que l’on donne à nos existences et notre rapport à la technologie. A travers des images silencieuses et obscures, je fais appel à notre imagination pour nous inviter à redéfinir notre futur.
J'ai été récompensé par plusieurs prix dont le SFR Jeunes Talents en 2013, le Sony World Photography Award en 2016 et la Bourse du Talent en 2018. J'ai également publié deux livres aux Editions Poursuite, l’Indifférence des Etoiles en 2016 et Titanic Orchestra en 2017.
Je suis représenté en France par la galerie Intervalle et par INTHEGALLERY au Danemark
Greetings From Mars
Cette série a pour thème l'exploration spatiale et porte également un regard sur notre rapport à l’image à l'heure de la connexion permanente. En effet, il est désormais possible de traverser le globe très facilement et à peu de frais et nous sommes à la recherche de toujours plus d’exotisme et d'expériences nouvelles. Parallèlement, nous faisons face à un besoin irrépressible de partager nos aventures en temps réel. Nous sommes passés du "je pense donc je suis" à "je documente donc je suis", et on est en droit de se demander ce que devient l'expérience du voyage depuis que "l'éloignement" en tant que tel n'existe plus. Est-ce que l'on cherche à se dépayser et découvrir de nouveaux environnements, ou simplement prendre des images de soi qui viendront prouver notre existence.
In 1492, Christopher Columbus discovered America. Less than 500 years later, it has become a common touristic destination for wealthy people from every part of the world. What remains of the Wild West has now been transformed into National Park where people can quietly enjoy breathtaking landscapes.
Unknown worlds are now located far from Earth and our most famous explorer is a robot. "Curiosity" is the Christopher Columbus of our century, crawling the surface of Mars, searching for clues and information about its past. As with the Wild West, we could imagine a point where Mars would become a touristic destination for people to visit and experience. NASA and SpaceX are already working on it and if no catastrophic event happen, in less than 50 years, humans will walk on Mars.
I have always wondered what it would be like to discover a totally different world, lifeless, full of wild landscapes and to photograph it for the first time as if I was Ansel Adams. So I came up with this project, which is about space exploration and discovery. But it's also about our behavior in front of landscapes and how we create pictures that will share our personal story with the world. In every spots I stopped, carefully chosen for their similarities with the red planet, I imitated stereotypical tourist poses. It's interesting to observe the way we act in front of the camera, how we include ourselves in the landscapes, how those landscapes trigger the desire to affirm our presence. And how the way we take pictures exposes the vanity involved in our endless pursuit of self-definition.
Some years ago, taking pictures of landscapes was enough. And we were not able to share them before we came back home. Today we have added ourselves on the pictures. Our faces are everywhere. We share everything instantly; we feel the need to do it. The connection is permanent and the experience becomes different. With Internet available everywhere, there is no "being-far-away" anymore. So we might ask ourselves, do we travel to discover new places, change of scene, new cultures, or do we travel to look for pictures of ourselves and to prove that we exist ?
Libellules
HyBrazil est une île fantôme citée dans de nombreuses cartes marines dès 1325. De nombreux récits d'époque décrivent l'île de façon très précise. Selon la légende, elle serait le berceau d’une civilisation avancée qui demeure introuvable à ce jour et se draperait continuellement dans une brume épaisse pour rester hors d’atteinte. A partir de 1850, l'île disparaît de toutes les cartes.
Je suis parti à la recherche de l’île mystérieuse et je l’ai trouvée. Les 21 images de la série proviennent de l’île aux libellules (Akitsu Shima), dont le nom renvoie au pouvoir de la nature dans l’imaginaire nippon. Sur l’île, l’homme semble avoir soudainement disparu. Seul subsistent des vestiges perdus, symboles d’une société en mouvement, au milieu d’une nature luxuriante qui semble en passe de reprendre ses droits. Ces sites sont-ils définitivement abandonnés ou seulement isolés du reste de l’humanité ?
Yan : Julien Mauve, par la puissance de la photographie, transporte ces traces minérales et industrielles dans un futur de science fiction. L'île aux libellules, dont nous sommes les explorateurs sur ses pas, agit comme un avertissement face à la menace environnementale qui nous étreint. Il nous immerge dans un environnement où la présence humaine serait contre-nature. Par ces tableaux sans ciels, il détourne le regard des satellites qui tapissent le monde, nous observent continuellement et aspirent à priver la vie de son mystère.
Titanic Orchestra est une réaction instinctive à la vague de violence qui a frappé Paris. Comme autant de métaphores, ces images organiques racontent la chute d’un monde et la lutte pour sortir de l’état de sidération qui s’en est suivi. La ville qui est donnée à voir a conservé l’apparence qu’on lui connaît, et pourtant tout est changé. Car après l’impact, le chaos règne, un voile est tombé, le centre de gravité est ébranlé, une nature inquiétante semble avoir repris ses droits. Cherchant un point d’ancrage à défaut d’une réponse, le photographe décentre son objectif tour-à-tour vers le ciel, vers la terre, vers un objet fugace ou un horizon obstrué. La présence corporelle de l’artiste est ici palpable : il est le sismographe qui enregistre les pulsations de cet univers hallucinatoire. Partout où il regarde, la menace plane : l’engloutissement, la chute, des corps absents, inertes. Sa vision spasmodique bute contre des murs ou des écrans, des débris gisent à ses pieds, les voix se désincarnent dans des hauts-parleurs, et s’il lève les yeux, c’est l’œil aveugle d’une caméra qu’il rencontre. L’irréversible s’est produit mais la pulsion de vie, elle, subsiste. Et c’est dans la réunion avec des corps en résistance, désirants, puissants, que la réparation pourra s’engager
Dans son livre «le Mur invisible» (1963), Marlen Haushofer raconte l’histoire d'une femme qui se retrouve inexplicablement piégée derrière un mur transparent et infranchissable. Dans l’espace vidéo ludique du jeu Assassin’s Creed (2007), un écran de fumée blanche délimite les zones de la ville qui ne sont pas encore accessibles au joueur, tout en laissant entrevoir ce qui se trouve derrière. Ces murs poreux nous rappellent ceux qui se sont abattus sur nous pendant plusieurs mois. Telle la membrane d’une cellule, ils nous ont séparé pour nous protéger de l’autre. La séparation n’empêchant pas la relation, les écrans déjà omniprésents ont pris le relais et fait office de liens. Ecrans de contrôles, de surveillance, d’hypnotisation, d’échanges non biologiques et sans microbes, ils ont plus que jamais été les fenêtres solitaires de cette gigantesque prison collective. Sans eux, rien n’aurait été possible. Que restera-t-il de cette expérience ? Quel héritage sociologique et ontologique découlera de ce bouleversement social mondial ? Quelle place et quelle importance ces écrans vont-ils continuer à avoir dans nos vies ? Et si c’était eux, les murs invisibles ?